Emmanuelle Saux
Il ne se passe pas une semaine sans qu’on parle de cette petite molécule qui fait le buzz des rubriques scientifiques, des webinaires mobilités, des débats économiques, en passant par les tribunes politiques. Certes, c’est l’élément le plus abondant dans l’univers et il est mis en avant comme le vecteur d’énergie du futur et le sauveur de la décarbonation de la mobilité lourde ! Mais cet âge d’or de l’hydrogène qui s’annonce a déjà fait plusieurs fois des tentatives. Est-ce que ce coup-ci sera le bon ?
La montée en puissance de la filière hydrogène
C’est cyclique, en 1970, 1990, et 2000, l’hydrogène a fait son apparition pour tenter de faire émerger une solution de décarbonation à nos problématiques environnementales. Mais à chaque tentative, ce vecteur d’énergie n’a pas obtenu le succès attendu. 20 ans après, on ressort des cartons la solutions H2, et cette fois-ci le changement d’échelle est au rendez-vous : la filière hydrogène prend enfin toute sa place dans la stratégie énergétique européenne. Le directeur général adjoint d’Energy Observer [1], a d’ailleurs souligné à ce sujet « j’entends parler de cette solution depuis plus de trente ans, mais elle est enfin en train de devenir une réalité dans notre vie quotidienne ».
[1] Energy Observer est un navire à hydrogène qui sillonne les mers depuis 2017 pour tester de nouvelles technologies énergétiques propres.
Ainsi en France, le premier changement de taille a eu lieu en 2018, lorsque Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, avait lancé un plan Hydrogène à 100 millions d’euros. Une première bonne nouvelle qui a redonné l’espoir à la filière, mais considéré comme une goutte d’eau pour les professionnels de la filière. 2020 sera l’année du grand changement où toutes planètes semblent s’aligner. L’Union Européenne publie sa Stratégie Hydrogène, tandis que la France lance sa première annonce financière de taille : une enveloppe de 7,2 Mds€ dédiée à la filière hydrogène. Elle sera complétée en 2021 par 1,9 Md€ dans le cadre de France 2030. Ces deux annonces boostent considérablement la filière française qui se structure et attire les nouveaux acteurs. France Hydrogène (ex Afhypac) a d’ailleurs vu ses adhérents monter en flèche. D’une centaine de membres en 2018, ils sont aujourd’hui plus de 400. Pour Philippe Boucly, le président de France Hydrogène, « Le lancement de la Stratégie française annonce une ère nouvelle pour l’hydrogène en France et en Europe. L’hydrogène va devenir une industrie stratégique pour notre pays. »
Et c’est justement pour cela que ce coup-ci c’est le bon ! L’hydrogène n’est pas seulement la solution à nos problèmes énergétiques, il est aussi et surtout une promesse de croissance et de souveraineté sur laquelle la France entend bien surfer pour redonner à son pays toute la richesse industrielle dont elle a besoin.
La France a lancé en septembre dernier une stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné. Un budget global de 7 milliards d’euros y sera consacré jusqu’en 2030. Cette stratégie hydrogène poursuit trois objectifs :
• la décarbonation de l’industrie
• le développement des mobilités lourdes à l’hydrogène
• le soutien à l’innovation, la recherche, et le développement des compétences.
Cette stratégie est totalement orientée vers l’hydrogène décarboné, qui est une des solutions pour décarboner l’industrie et les transports. L’hydrogène décarboné provient d’un procédé d’électrolyse de l’eau, émettant ainsi peu de CO2, comparé à l’hydrogène est produit à partir d’énergies fossiles (charbon, gaz naturel, pétrole) dont les procédés de fabrication génèrent habituellement des émissions de gaz à effet de serre.
Mise en place du Conseil National de l’Hydrogène
Afin de mettre cette stratégie en œuvre, le Conseil national de l’hydrogène (CNH) a été créé le 11 janvier 2021 par 3 ministres : Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l’Industrie.
Ce conseil a pour rôle de structurer les échanges entre l’État et les parties prenantes de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné. Il contribue ainsi au développement de cette nouvelle filière française compétitive de l’hydrogène décarboné.
Le CNH, co-présidé par Patrick Koller et Benoit Potier, regroupe les représentants des différentes parties prenantes :
• Entreprises industrielles productrices d’énergie
• Fédérations, organisations et associations professionnelles représentatives (France Industrie, France Hydrogène, Syntec Ingénierie)
• Filières de l’énergie et des mobilités (Chimie et matériaux, Industries pour la Construction, Mines et métallurgie, Aéronautique, Industriels de la Mer, Automobile et Ferroviaire)
• Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)
La première réunion du Conseil national de l’hydrogène s’est tenue le 28 février 2021 chez Safra et a permis de faire un premier bilan de la mise en œuvre de la stratégie.
De quel hydrogène parle-t-on ?
Quels sont les objectifs de production
d'hydrogène renouvelable ?
Les chiffres clés
286 millions d’euros
ont déjà été engagés depuis le début de l’année 2021 soit un investissement total de 952 millions d’euros
1,7 millions d’euros
supplémentaires seront également engagés d’ici la fin de l’année 2021
81%
La France s’est engagée à réduire de 81 % ses émissions de CO2 d’ici 2050 par rapport à 2015. La décarbonation de l’industrie est un levier majeur pour atteindre cet objectif national de décarbonation.
L'hydrogène renouvelable selon Michel Delpon
Michel Delpon, Président du groupe d’études hydrogène à l’Assemblée National, est convaincu de la pertinence de l’hydrogène vert pour basculer vers une mobilité décarbonée. Dans sa récente publication « hydrogène renouvelable, l’énergie verte du monde d’après « , il explique que « le déploiement de l’hydrogène, repose sur […] la massification de sa production et de ses usages qui permettront de donner accès au plus grand nombre […] à une énergie abondante et écologique et de contribuer ainsi au développement d’un progrès responsable et durable ».
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