Emmanuelle Saux
Quatrième source de mortalité dans le monde, la pollution de l’air devient un sujet majeur de santé.
Causé par la production de polluants atmosphériques générés par les transports, les activités industrielles, les secteurs résidentiels (chauffage) ainsi que l’agriculture, cette pollution a un impact considérable sur notre santé.
Très souvent concentrée dans les agglomérations, mais pas seulement, la pollution de l’air provoque un épais brouillard, qui révèle toute la densité de microparticules présentes dans l’environnement. Maladies cardio-vasculaires, maladies pulmonaires chroniques, cancers des poumons, etc… Coupable d’un décès sur dix dans le monde, cette pollution de l’air cause chaque année en France 40.000 décès prématurés.
Parmi les éléments et particules toxiques constituant la pollution atmosphérique on retrouve :
- le dioxyde d’azote (NO2) ;
- le dioxyde de soufre (SO2) ;
- l’ozone (O3) ;
- les particules fines et ultra fines (PF et PUF)
Les particules fines, dont le diamètre est inférieur à 10 microns, ont la particularité de rester en suspension dans l’air, et surtout ont des effets néfastes sur les fonctions respiratoires et sur la santé de la peau. Selon leur taille, l’impact sur notre santé ne sera pas le même. Ainsi les PM10 (10 microns) touchent plutôt le système cardio-vasculaire alors que les PM2.5 (2,5 microns) s’attaquent au système neurologique. Les PM2.5 sont suffisamment petites pour s’infiltrer dans les poumons jusqu’au plus profond des alvéoles et même traverser les masques en papier. Sur la peau, la pollution aux particules fines augmente l’expression de protéines qui dégradent certains composants du derme accélérant le vieillissement cutané.
Si on abaissait la valeur limite à 5 µg/m3 (au lieu de 25 µg/m3 actuellement), on diminuerait de
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le nombre de décès liés à la qualité de l’air !
Nanoparticules, ça vous parle ?
Aujourd’hui, seuls les PM10 et PM2.5 sont réglementées pour leurs effets négatifs sur la santé. Mais il existe des particules ultra fines, dites nano particules, qui sont les plus petites que l’on puisse mesurer et observer aujourd’hui.
Ces nano particules, ou PM0.1, ont une taille inférieure à 0,0001 micron, ce qui correspond à la taille d’un virus ou d’une molécule d’ADN. Considérées encore plus nocives que les particules fines citées plus haut, les particules ultrafines pénètrent plus profondément dans l’organisme et génèrent-elles aussi des maladies respiratoires et cardiovasculaires, diabète, hypertension, et ont des impacts sur le développement du fœtus. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’environnement, de l’alimentation et du travail, a publié un rapport sur le sujet en juillet dernier, tirant la sonnette d’alarme sur ce sujet, puisque les particules ultra fines seraient capables de rejoindre la circulation sanguine. De ce fait, elles seraient plus nocives que les PM10, qui sont arrêtées par l’arbre respiratoire.
La difficulté avec ces PM0.1 est qu’elles sont beaucoup plus petites, mais aussi plus nombreuses (80 à 87%) alors qu’en termes de masse elles ne pèsent pratiquement rien. Les mesurer devient donc un véritable défi technique que seuls quelques appareils sont capables de réaliser. Cet appareil, un spectromètre granulomètre à mobilité électrique est rare en France, et les mesures de ces PM1 est encore peu courant.
Mesurer la pollution de l’air
Aujourd’hui, ce sont en effet en majorité les particules les plus imposantes qui sont mesurées par les stations fixes gérées par les dix-huit associations, agréées par l’État pour la surveillance de la qualité de l’air. Elles mesurent les PM2.5 et surtout les PM10, dont la France dépasse régulièrement le seuil réglementaire. Pour les PM0.1, les mesures prises restent exceptionnelles et, en l’absence de réglementation, ces données ne sont recueillies qu’à titre indicatif.
Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS, considère que la surveillance de ces nano particules n’est pas suffisante. Selon lui, «leurs concentrations moyennes annuelles et journalières sont trop fortes par rapport aux recommandations. Les nouvelles normes établies par l’OMS (5 µg/m3 en moyenne annuelle au lieu de 10 µg/m3) sont loin d’être atteintes en ville ; des mesures drastiques seraient nécessaires pour y arriver», poursuit Jean-Baptiste Renard. Alors qu’en France la valeur limite est beaucoup plus élevée, à 25 µg/m3 en moyenne annuelle. Toujours selon Jean-Baptiste Renard, «si on l’abaissait à 5 µg/m3, on diminuerait de 80% le nombre de décès liés à la qualité de l’air !».
En attendant, les particules ultrafines passent sous les radars de contrôle et ce malgré la preuve de leur dangerosité. Dans le secteur des transports par exemple, les nouvelles motorisations diesel ne rejettent effectivement plus de PM10 et PM2.5 mais elles crachent toujours des particules ultrafines, qui ne sont donc pas prises en compte. Jean-Baptiste Renard déclare à ce sujet «Comme on ne le mesure pas, on dit que ces véhicules ne polluent pas. En disant cela on ne protège pas correctement la population.» On voit ici toute la pertinence de décarboner les transports très rapidement !
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